Qui suis-je?

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Gabrielle Keng Peralta, une hirondelle en ville
LA CUISINE EN COIN



jeudi 5 mai 2011

Lettres d'amnésie, Editions Tigre de Papier



Lettres d’amnésie: une mélodie mère-fille douce amère


Par Tinka Kemptner 
Teva.fr

Cet échange épistolaire fictif entre une fille et sa mère se lit en un trajet de métro. Sa mélodie résonne longtemps après.
Lettres d amnésieLettres d amnésie
De Gabrielle Peralta-Keng, Ed. Tigre de Papier (12€)

« Quelques notes pianotées me font toujours penser à toi. C’était ton truc, j’écoutais tes erreurs. J’avais envie de te taper sur les doigts quand tu te trompais et finalement, je cédais et considérais ‘ton’ morceau comme étant le vrai. Pourquoi les grands concertistes ne font-ils pas les mêmes erreurs que toi ? Je ne pourrai jamais plus trouver une valse de Chopin interprétée comme je l’aime. Car c’est toi que j’aime dans les valses de Chopin. »

Quand une fille adulte prend sa plume pour écrire des lettres à sa mère dans l’ère des mails télégraphiques, ce n’est pas pour donner des nouvelles et puis passer à autre chose. C’est pour plonger dans les zones d’ombre du passé, ses ambigüités, ses flaques de lumière aussi, pour faire sens.

Sur 35 pages intenses, mère et fille valsent tantôt enlacées, tantôt distendues, sur une mélodie douce-amère qui se soucie peu de linéarité chronologique, mais qui sonne d'autant plus juste : le joyeux (« Nos disputes étaient nos moments de plus grande complicité, le moyen de nous fondre toutes les deux, d’être d’accord enfin ! »), se mêle au sombre (« Ta solitude, je ne la comprenais pas. Ton ennui non plus. Pourquoi n’avais-tu pas voulu t’accrocher à des choses dans la vie ? »), sans jamais frôler le mélo bien ficelé mais vite oublié version Anna Galvada. Ce livre-là, avec ses boucles non bouclées, ses questionnements en suspens, reste en mémoire.